Wednesday, August 8, 2012

Déclaration de détenuEs à l'occasion de la Journée de la justice pour les prisonniers et prisonnières

À l'occasion de la Journée de la justice pour les prisonniers et prisonnières, dans toutes les prisons du Canada et ailleurs dans le monde, des détenuEs entreprendront une grève de la faim de 24 heures. Nous dédions ce geste à la mémoire d'Eddy Nolan, qui est décédé au Pénitencier de Millhaven, en Ontario, le 10 août 1974, victime des conditions inhumaines qui prévalaient alors dans cette prison. Nous faisons ceci pour commémorer touTEs les détenuEs qui se sont battuEs et les deux qui ont perdu la vie lors d'une émeute de quatre jours en avril 1971 au Pénitencier de Kingston. Ces deux incidents ont entraîné des réformes majeures du système carcéral canadien. Nous jeûnons pour nous rappeler. Nous faisons la grève pour rappeler aux institutions et au monde que, même derrière les barreaux, nous avons des droits fondamentaux et conservons notre dignité humaine, et que nous pouvons encore nous battre pour les préserver.

Cette déclaration a été écrite par Alex Hundert, avec l'apport de plus d'une douzaine de détenus du Centre correctionnel du Nord, à Penetanguishene, Ontario, et par Mandy Hiscocks, présentement détenue au Centre Vanier pour les femmes, à Milton, Ontario. Ces deux établissements sont des prisons provinciales en Ontario, Canada. Cette déclaration a été signée par 56 détenuEs de Penetang et de Vanier, soit 100% de ceux et celles qui ont eu l'occasion de la lire. La plupart des détenus de Penetang qui ont contribué à la rédaction initiale de cette déclaration n'ont pas eu la chance de la signer car ils ont été, pour des raisons qui sont étrangères à cette initiative, soit déplacés, soit jetés au trou (isolement « préventif »).Il est scandaleux que le gouvernement fédéral choisisse de mettre en vigueur les premières mesures de sa loi omnibus C-10, la prétendue Loi sur la sécurité des rues et des communautés, le 9 août, soit la veille de la Journée de la justice pour les prisonniers et prisonnières. Cette loi ne servira qu'à remplir encore davantage les prisons et à faire en sorte que le système carcéral soit encore moins utile à la justice qu'il ne l'est déjà. Nous vouons que les gens comprennent à quel point les choses vont déjà mal avant qu'elles n'empirent encore.

Dans les prisons provinciales de l'Ontario, il n'existe aucune mesure fonctionnelle pour faire respecter nos droits fondamentaux, comme c'est le cas dans les pénitenciers fédéraux depuis les années 1970, lorsque les détenuEs se sont battuEs et que certainEs ont donné leur vie pour les obtenir. Dans les prisons provinciales, nous sommes assujettiEs à une autorité arbitraire, sans aucun processus de grief efficace. Les prisons provinciales sont considérablement plus surpeuplées que les pénitenciers fédéraux. Près de 70 % des détenuEs dans les prisons provinciales n'ont pas été condamnées et sont en fait en attente de leur remise en liberté sous caution ou de leur procès ou, dans de nombreux cas, sont en attente de déportation. Avec l'abandon des peines avec sursis et la mise en vigueur de mesures plus sévères (particulièrement contre les jeunes contrevenants) et de peines minimales obligatoires, l'on accordera encore plus d'importance au système carcéral. Nous constatons, avec colère et consternation, que les lois fédérales ne feront qu'aggraver une situation déjà inacceptable.

Les programmes de réhabilitation ont été dépouillés et les prisons transformées ni plus ni moins qu'en entrepôts. Par exemple, dans la prochaine année, le Programme de soutien au financement du traitement de la toxicomanie (PSFTT) sera l'objet de compressions massives, de l'ordre de 42 millions de dollars. En vertu des dispositions de l'omnibus C-10, cet argent sera transféré directement aux enquêtes et aux poursuites criminelles. C-10 coûtera à l'Ontario un milliard de dollars en nouvelles infrastructures carcérales, alors même que les programmes sociaux et les emplois sont éviscérés et que les pauvres gens sont poussés toujours plus loin dans la pauvreté. Le gouvernement de l'Ontario estime que le coût moyen de garder unE détenuE dans une prison provinciale est de 183 $ par jour ; par comparaison, le coût du logement social est de 5 à 25$ par jour. Pourtant, l'on construit des prisons plus volontiers que des logements sociaux.

Si l'on veut vraiment que nos communautés soit plus sûres, la solution n'est pas d'enfermer plus de personnes, plus longtemps, dans des prisons où leur colère et leur désabusement ne fait que s'approfondir et s'enraciner. Il faut changer les conditions dans lesquelles les gens sont incarcérés et il faut développer des stratégies pour faire en sorte qu'à la base, de moins en moins de membres de nos communautés soient enfermés. Il faut se concentrer sur la réhabilitation, pas sur les entrepôts. Il faut cerner les raisons premières pour lesquelles les gens se retrouvent ici afin qu'à leur sortie, ils aient de meilleures perspectives d'avenir. Il nous faut faire respecter la dignité humaine, et non pas l'arracher aux gens. On peut accomplir ceci en protégeant les droits fondamentaux des détenuEs, non pas en leur retirant toute responsabilité et toute chance de réhabilitation. Il nous faut bâtir des communautés saines et favoriser des liens interpersonnels fondés sur des principes plus riches et plus profonds que la logique « eux contre nous », la mentalité que ce système tente de nous inculquer.

C'est en évoluant vers un système qui protège les droits de tout le monde également, y compris ceux des prisonniers et prisonnières, que nous pourrons nous rapprocher d'une authentique justice pour tous et toutes.

Signé,

Alex Hundert
Ana Maria
Ana M. Charry
Bryan Sousa
Candis Beckford
Chad Mauthe
Chen ZL
Christine N
Clair Herrington
Costello
Cummings
Dan Mccue
Daphney Thompson
DB
DP
Debra Chrisjohn
Derrick Ochoa
Ed Mccrudden
Eduardo “Tito” Silver
Evelyn Breuer
Fay Schofield
FJ
Francis Joel Lerode
George Curtis
Gordon Gatt
H Johns
Isaac Nakoolak
Jacqlynn Hoshowatiuk
James
Joann Went
Julias Danchnor
Justyna Karas
Mandy Hiscocks
Marina T
Mark Smith
M Bermido
M Gardanzari
Mitchel Wheeler
MB
MM
Natasha Gomes-Le-yung
NM
OL
Paul Mitchel
PB
Plaudine Liette Bishop
Roger Langlois
Ronny Ann Agawu-Syrette
Shana Gregory
Serena Richards
Stephanie L
Tiana A
Tracy Knol
Wei Kong
+ 2 anonymous


Prisoners’ Statement on Prisoners’ Justice Day

On Prisoners’ Justice Day in every jail in Canada and in prisons around the world inmates will go on a 24-hour hunger strike. We do this to remember Eddy Nolan who died in Millhaven Penitentiary in Ontario on August 10th 1974 as a victim of the inhumane conditions in that prison at that time. We do this to remember all of the inmates who fought and the two who died in a four day riot in April of 1971 at Kingston Penitentiary. Both of those incidents led to major reforms in the Canadian prison system. We fast so that we ourselves remember. We strike to remind the institutions and the world that even behind bars we are still entitled to human rights and human dignity, and we can still fight for both.

This statement for Prisoners’ Justice Day 2012 was written by Alex Hundert, with input from more than a dozen inmates inside the Central North Correctional Complex in Penetanguishene Ontario, and Mandy Hiscocks at the Vanier Centre for Women in Milton Ontario. Both are provincial jails in Ontario, Canada. This statement has been signed so far by 56 inmates in Penetang and Vanier, which is 100% of all of those who had the opportunity to read it. Most of those at Penetang who provided input into the very first draft of the statement were unable to sign onto this final version as they were, for reasons unrelated to the drafting of this statement, either moved or are now in the hole (administrative segregation).

It is an outrage that the federal government is enacting the first measures of its Omnibus Crime Bill C-10, the so-called ‘Safe Streets and Communities Act’ on August 9th, just one day before the annual Prisoners’ Justice Day. This bill will only serve to make prisons more crowded and will make our prison system even less about justice than it currently is. We want people to know how bad things already are before they get worse.

In provincial jails in Ontario we have no functional protections for our human rights the way that federal penitentiaries have had since the 1970’s when inmates fought and died for them. In provincial jails we are subject to arbitrary authority with no effective grievance process. Provincial prisons are significantly more overcrowded than federal penitentiaries. Close to 70% of inmates in Ontario provincial institutions have not actually been convicted, and are instead awaiting bail or trial or in many cases are awaiting deportation. With the loss of conditional sentences and instead new harsher measures (especially for youth) and mandatory minimums, there will be an even greater reliance on the prison system. We are concerned and angry that the federal laws are going to do nothing but aggravate an already unacceptable situation.

Rehabilitation programs have been decimated and jails have become little more than warehouses. For example, this year we will see a massive cut to the Drug Treatment Program by $42 million dollars and under Bill C-10 this money will now be directly transferred to investigations and prosecutions. Bill C-10 will cost Ontario an estimated $1billion dollars on new prison infrastructure, while social programs and jobs are gutted, further driving people in to poverty. The Ontario government says that the average cost to keep someone in a provincial prison is $183/day in comparison to social housing which is $5-25/day – yet jails are being built in the place of housing.

If you want to genuinely make communities safer, the solution cannot be locking away more people for longer in jails where we only become more angry and disillusioned. We need to change the conditions under which people are locked away and we need strategies to make sure fewer people from our communities are locked up at all. We need to focus on rehabilitation and not warehouses. We need to focus on the root causes of why people end up here in the first place so that when people get out there is something better to go back to. We need to uphold human dignity, not deprive people of it. We can do this by safeguarding people’s human rights, not by stripping them of all responsibility and opportunity. We need to foster community and interpersonal ties that are based on something deeper than the ‘us against them’ mentality that this system instills in us.

By moving towards a system that protects the rights of all people including prisoners we can move towards real justice for all.

Signed (*),

Alex Hundert
Ana Maria
Ana M. Charry
Bryan Sousa
Candis Beckford
Chad Mauthe
Chen ZL
Christine N
Clair Herrington
Costello
Cummings
Dan Mccue
Daphney Thompson
DB
DP
Debra Chrisjohn
Derrick Ochoa
Ed Mccrudden
Eduardo “Tito” Silver
Evelyn Breuer
Fay Schofield
FJ
Francis Joel Lerode
George Curtis
Gordon Gatt
H Johns
Isaac Nakoolak
Jacqlynn Hoshowatiuk
James
Joann Went
Julias Danchnor
Justyna Karas
Mandy Hiscocks
Marina T
Mark Smith
M Bermido
M Gardanzari
Mitchel Wheeler
MB
MM
Natasha Gomes-Le-yung
NM
OL
Paul Mitchel
PB
Plaudine Liette Bishop
Roger Langlois
Ronny Ann Agawu-Syrette
Shana Gregory
Serena Richards
Stephanie L
Tiana A
Tracy Knol
Wei Kong
+ 2 anonymous


(*) More signatures are being added.